JEANNE BROCLAWIK
@j.kesta
voyageur
مسافر
Styliste et engagée
Mon histoire, un petit bout de récit de ma vie pour parler de ceux qu’on n’entend pas, ceux qu’on ne veut pas écouter.
Comment traduire les récits des réfugiés, les récits de traversées, les questions d’accueil et d’hospitalité, dans la mode ?
Je m’attache aux étapes qui suivent ce long voyage pour passer les frontières, traverser la mer Méditerranée, lorsque l’on décide de quitter son pays pour accéder au monde occidental. Rendre compte des multiples facettes d’un monde méditerranéen traversé de tensions et de problèmes aux répercussions mondiales, qu’elles soient humaines ou matérielles. La mer prend des hommes et renvoie des objets. Nous ne voyons que la partie immergée de ces déplacements et nous connaissons moins la finalité de ces voyages.
Le déracinement, la discrimination, l’exclusion, que j’interroge, dénonce, mélange, transforme, déforme avec les codes, les techniques et les matières puisés dans de multiples cultures. Transformer, décontextualiser, sublimer sa culture d’origine et ses clichés. Dans mon travail, mes recherches textiles et plastiques tournent autour du transport, de l’urgence, de l’accumulation d’objets, de matières et motifs symboliques. Le corps est généralement recouvert de vêtements, de plastique, il disparaît et fait objet avec les autres éléments. L’identité se perd. Les corps sont engloutis de matières ou de motifs qui les empêchent d’avancer, de se distinguer.
Je suis partie d’une phrase du photographe Patrick Zachmann dans son livre Mare Mater : « Leurs sacs en plastique et leur espoir comme seuls bagages.»